Qu'appelle-t-on thérapie complémentaires ?

DÉFINITION(S)

Nombreux sont les noms qu’on leur donne. Les scientifiques parlent volontiers de médecines alternatives et complémentaires, le grand public de médecines douces ou naturelles, le ministère de la santé de pratiques de soins non conventionnelles, l’organisation mondiale de la santé (OMS) de médecines traditionnelles et complémentaires. Les définitions sont également multiples mais toutes évoquent un même phénomène social et sanitaire : « le recours à des systèmes médicaux et/ou des thérapies variées basées sur des connaissances, compétences et pratiques dérivées de différentes théories, philosophies et expériences dans le but de maintenir et d’améliorer la santé, ainsi que de prévenir, identifier, traiter et soulager différentes pathologies ».

EN FRANCE ET DANS LE MONDE

Les multiples dénominations et définitions de ce phénomène rendent son étude difficile. On estime néanmoins que plus d’un français sur trois y recourt, et jusqu’à un patient souffrant de maladie chronique sur 2. Selon le Conseil national de l’ordre des médecins plus de 6 000 médecins ont déclaré une activité ou un titre en lien avec ces thérapies. Ces approches sont généralement considérées comme complémentaires dans les pays développés. Mais elles représentent une part importante des soins dans les pays en développement. L’OMS reconnaît donc leur intérêt pour garantir une vie saine et promouvoir le bien-être à tout âge dans le monde. Depuis 20 ans elle soutient une stratégie visant évaluer, réglementer et intégrer ces approches dans les systèmes de santé lorsque pertinent. En 2018, 107 états membres disposaient d’un organisme national dédié. Et 75 disposaient d’un institut de recherche national ciblant cette thématique.

CLASSIFICATION(S)

Plusieurs classifications ont été développées afin d’améliorer notre compréhension de ce phénomène. Aux États-Unis le centre national pour la santé complémentaire et intégrative distingue ainsi les approches nutritionnelles (compléments alimentaires, phytothérapie), psychologiques (méditation, hypnose), physiques (massage, ostéopathie), et mixtes (qigong, yoga). Il existe de plus un certain nombre d’approches correspondant à des systèmes dits complets qui rentrent mal dans ce cadre (médecine traditionnelle chinoise, médecine ayurvédique, naturopathie). Bien qu’incomplète cette classification est celle que l’on rencontre le plus à ce jour. D’autres types de classification existent. Elles sont par exemple basées sur le niveau de preuve associé à chacune de ces approches.

LES RAISONS INVOQUÉES

Les patients qui s’orientent vers ces pratiques évoquent souvent une volonté de prendre moins de médicaments ou d’en atténuer les effets indésirables, une croyance dans des approches plus naturelles, et une insatisfaction vis-à-vis du système de santé ou du médecin. Les patients consultent le plus souvent pour des troubles musculo-squelettiques ou d’autres types de pathologies chroniques On note également un recours fréquent en oncologie et en soins palliatifs. Il existe aujourd’hui un manque de communication entre patients et professionnels de santé concernant le recours à ces pratiques. L’absence de demande de renseignements de la part des professionnels, la peur d’être désapprouvé, et le sentiment chez les patients que ce serait sans importance, que le professionnel manquerait de connaissances ou que ces approches seraient sans danger sont les principales raisons évoquées en ce qui concerne ce manque de communication.

Y-A-T-IL DES RISQUES ?

Il existe un risque de sortie du parcours de soins et d’abandon de thérapeutiques éprouvées scientifiquement constituant ainsi une perte de chance pour les patients. C’est pourquoi ces approches doivent être considérées seulement en complément d’une prise en charge médicale et non comme une alternative. Par ailleurs le risque de dérive sectaire est bien réel, 40 % des signalements à la mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires sont en effet liés à la santé. Certaines approches peuvent présenter des risques spécifiques si prodiguées par des professionnels non expérimentés : manipulations cervicales, acupuncture, propositions phytothérapeutiques etc. La prise concomitante de produits présentant des interactions peut en effet s’avérer dangereuse, d’où la nécessité d’en discuter avec son médecin.

QUE DIT LA SCIENCE ?

La balance bénéfices/risques d’une grande partie de ces approches n’a pas été suffisamment évaluée. Une enquête de l’OMS a identifié la recherche comme principal frein à leur intégration dans les systèmes de santé. Et l’Académie de médecine a récemment rappelé que la science doit être au cœur de toutes les initiatives concernant ces pratiques. Les approches complémentaires éprouvées par la science sont aujourd’hui rassemblées sous le terme d’interventions non médicamenteuses. Une intervention non médicamenteuse est une « intervention psychologique, corporelle, nutritionnelle, numérique ou élémentaire sur une personne visant à prévenir, soigner ou guérir. Elle est personnalisée et intégrée dans son parcours de vie. Elle se matérialise sous la forme d’un protocole. Elle mobilise des mécanismes biopsychosociaux connus ou hypothétiques. Elle a fait l’objet d’au moins une étude interventionnelle publiée et menée selon une méthodologie reconnue ayant évalué ses bénéfices et risques ».

Classification des interventions non médicamenteuses (INM), NPIS

SOURCES

  • Conseil National de l’Ordre des Médecins. Quelle place pour les médecines complémentaires ? https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/external-package/webzine/2015-07/www/index.html#/intro (consulté le 15/09/2022).
  • WHO Global Report on Traditional and Complementary Medicine, 2019; World Health Organization, Ed.; World Health Organization: Geneva, Switzerland, 2019.
  • The Roadmap for European CAM Research; CAMbrella, 2012; p 64.
  • National Center for Complementary and Integrative Health. https://www.nccih.nih.gov/ (consulté le 15/09/2022).
  • Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires. https://www.miviludes.interieur.gouv.fr/ (consulté le 15/09/2022).
  • Non-pharmacological intervention society. https://npisociety.org/ (consulté le 15/09/2022).
  • Académie nationale de médecine. Thérapies Complémentaires En France : La Science Doit Être Au Centre de Toutes Les Initiatives, 2021.
  • Foley et al. Disclosure of Complementary Medicine Use to Medical Providers: A Systematic Review and Meta-Analysis. Sci Rep 2019, 9 (1), 1573.